Bienvenue sur le blog de Donner la vie Naturellement

Chers lecteurs, Bienvenue sur Donner la vie naturellement, le blogue d'une fabuleuse maman qui a donné naissance deux fois avec une sage-femme !

Ce blogue est avant tout un espace de discussion, de partage et d'échange d'information en lien avec la maternité. Peu importe si vous avez donné naissance avec l'aide d'une sage femme ou non, vos commentaires, questions ou remarques et sujets sont les bienvenus !

J'ai besoin de votre collaboration pour agrémenter mon blogue. J'aimerais faire partager certains témoignages comme:

• Femmes ayant accouchées avec une sage femme.
• Papas qui ont accompagné leur femmes dans le processus de naissance.
• Accompagnante (mères, tantes, soeurs...) qui était présente lors de la naissance d'un enfant.
• Le récit de nos aïeux quelque soit votre âge, j'aimerais faire partager comment c'était de donner naissance à votre époque.

Merci à vous tous,

Bonne lecture


Mélissa

lundi 16 janvier 2012

La médicalisation des naissances : La médicalisation aurait-elle causé des peurs innappropriées?

J'aimerais vous faire découvrir un article écrit par Catherine Gerbelli dans la revue sociale et politique ''À Babord''.  Cet article traite de la médicalisation des naissances et de ses répercussions.  Les femmes d'aujourd'hui craignent de plus en plus l'accouchement.  La médicalisation aurait-elle causé des peurs innappropriées?  Serait-il temps de revoir ce processus  si naturel de la vie?

Vous pouvez consulter l'article complet en suivant ce lien: La médicalisation de la naissance

<<La médicalisation de la naissance dans plusieurs pays industrialisés, dont le Québec, peut se définir comme l’appropriation progressive et quasi complète par le secteur médical de l’une des expériences humaines les plus fondamentales. Cette appropriation a été grandement facilitée par le déplacement de l’accouchement du domicile vers les centres hospitaliers, et ce, pour l’ensemble des femmes enceintes, sans égard au fait qu’elles soient ou non en bonne santé, ni qu’elles aient ou non une grossesse normale (plus de 80 % des grossesses sont considérées normales au Québec). La médicalisation de la naissance est abordée ici en tant que phénomène social et ne remet pas en question la prise en charge médicale des femmes enceintes malades ou qui présentent une grossesse pathologique.

L’industrialisation de la naissance

La médicalisation de la naissance est un phénomène social qui a fait l’objet de nombreuses recherches au cours des dernières décennies [1]. Par exemple, l’interdiction faite aux femmes en travail de manger ou de boire, ne les aide pas à accoucher, au contraire. Tandis que des études ont démontré la nécessité de s’hydrater durant le travail, cela reste interdit dans plusieurs hôpitaux Montréalais [2]. Cela illustre le fait que les femmes en travail, leurs partenaires ainsi que les professionnels impliqués dans l’accouchement, sont contraints d’agir de façon à répondre prioritairement à des normes fixées par les protocoles médicaux et les routines hospitalières [3].

En outre, le déplacement de la naissance à l’hôpital a été l’occasion d’expérimenter les moyens à mettre en œuvre pour mieux contrôler le temps imparti à l’accouchement. Dans un hôpital particulièrement achalandé d’Irlande, une équipe a mis au point, à la fin des années soixante, un modèle de gestion active du travail afin de s’assurer que la durée d’un premier accouchement ne dépasse pas 12 heures [4]. Quand une femme entre spontanément en travail, on utilise des interventions « de routine » telles que la rupture de la poche des eaux qui augmente l’efficacité mais aussi l’intensité des contractions. Si la progression du travail ne se situe pas à l’intérieur des normes établies, on accélère le travail mais aussi l’intensité des contractions en injectant, via un soluté, des hormones synthétiques à la mère. La surveillance du bébé est assurée le plus souvent grâce à un appareil enregistrant en continu sa fréquence cardiaque mais qui limite la mobilité de la mère. Enfin, on accélère la naissance proprement dite en effectuant une épisiotomie (coupure du périnée), mais celle-ci a pour effet d’augmenter les risques de déchirures graves et les douleurs dans la période postnatale. Le modèle productiviste et standardisé de la naissance a permis de diminuer la longueur du travail et donc la durée du séjour des femmes en salle d’accouchement. Tout comme Ford a mis au point la chaîne de montage la plus efficace possible, le modèle productiviste de la naissance a un effet positif sur l’organisation et la rentabilité des soins d’obstétrique en centre hospitalier. Mais la gestion active du travail a rendu l’accouchement beaucoup plus douloureux et étranger au corps des femmes. Et pour y remédier, on a généralisé l’utilisation de la péridurale, privilégiant une solution technique et pharmaceutique.

Hors de l’hôpital point de salut

Dans bien des milieux, l’accouchement n’a pas bonne presse. Il y a quelques années, une émission de vulgarisation scientifique à Radio-Canada présentait un documentaire de la BBC dans lequel on affirmait que sa propre naissance est l’expérience la plus dangereuse que chaque être humain est amené à traverser. Ce genre d’affirmation permet de continuer à clamer que c’est à l’hôpital que les femmes doivent accoucher, si elles veulent assurer leur bien être et celui de leur bébé. Cette affirmation, basée sur des opinions, est présentée comme une vérité scientifique. Or, les études continuent de démontrer que pour des femmes en bonne santé présentant une grossesse normale, l’accouchement en maison de naissance ou à la maison est aussi sécuritaire que l’accouchement à l’hôpital [5].

Il faut insister sur le fait que l’utilisation d’affirmations erronées nourrit efficacement la peur de l’accouchement, assurant ainsi la soumission de beaucoup de femmes aux interventions. Ce qu’on « oublie » de dire aux femmes, c’est l’engrenage qui en résulte. Le meilleur exemple reste celui de la péridurale. La péridurale ne fait pas seulement soulager la douleur, elle est associée à une cascade d’interventions : soluté, hormones synthétiques, cathéter dans la vessie, perte de sensation à la poussée, forceps, ventouse, épisiotomie, voire césarienne. L’accouchement dans ces conditions devient pour certaines femmes une expérience tellement dépréciée que plusieurs ne veulent même plus l’envisager. Et de fait, nous sommes aujourd’hui devant une demande grandissante pour les césariennes programmées. Or, paradoxalement, celles-ci comportent plus de risques pour la mère qu’un accouchement vaginal. L’accouchement est la première cause d’hospitalisation des femmes en âge de procréer, les exposant inutilement à des interventions et aux maladies nosocomiales telles que la bactérie C. Difficile.

La médicalisation prend de l’ampleur, on est passé de 10 à 20 % de déclenchement artificiel en quelques années au Canada et le taux de césarienne est en croissance, il se situait autour de 21 % en 2001 alors qu’il était à 17,5 % en 1994-1995 [6]. Plus grave encore, de moins en moins de médecins, d’infirmières ou d’étudiantes ont été témoins d’accouchements spontanés et physiologiques, ils sont donc de moins en moins nombreux à savoir accompagner une femme à travers ce processus subtil.

Dès lors qu’un événement aussi important que la naissance d’un enfant est perçu comme éminemment dangereux, le réflexe naturel de tout un chacun est de demander plus de sécurité.>>


[1] Accoucher autrement, Édition St-Martin, 1987.
[2] Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Classification des pratiques, 2001.
[3] Robbie E. Davis-Floyd, Birth as an American Rite of Passage, University of California Press, 1992.
[4] F. Gary Cunningham, Williams Obstetrics, 21st ed., 2001, p. 445-446.
[5] O. Olsen, « Meta-analysis of the safety of home birth », Birth, mars 1997, vol. 24 no. 1, p. 4-13.
[6] Système canadien de surveillance périnatale, Rapport sur la santé périnatale au Canada, 2003, p. 29-35.

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